Marcow

Tout et n'importe quoi

Mardi 1er avril 2014 à 15:48

Du plus loin que je me rappel, je devais avoir entre 4 et 5 ans. J'avais une conscience diffuse, bercé dans un brouillard bienveillant. Comme une petite créature bienheureuse qui découvrait un environnement mystérieux et magique. Je me sentais loin de mes émotions et de celle des autres comme voguant dans une bulle chaude et insonorisée.
Parfois une émotion fort me faisait vivre des événements stupéfiant dont je me rappel nettement certains détails. Dans mes flash, je me rappel la sensation dangereuse et attirante de la hauteure en regardant le sol depuis ce qui devait être 3 ou 5 étage. L'herbe verte en bas, un grillage et les arbres vu du dessus. Je me rappel vaguement que ma réaction appeuré devait faire rire mon père. Comme souvent j'interprétais mal son amusement, avec cette impression toujours plus vive au fil des années qu'on se moquait de moi. En fait je ne comprenais pas l'humour, ou plutôt je m'amusais de choses rigolote mais pas des autres. 

Je me rappel un sentiment d'abandon face aux barreaux du portail (neuf et vertes?) de l'école primaire où on me déposait. En repensant aux activités dont je ne me souvient presque rien, je repense avec tristesse à tout ces souvenirs que j'ai jeté. Mon père avait trouvé ça dommage, et c'est vrai que ces supports auraient pu me raffraichir la mémoire. Je me rappel vaguement des choses brodées pour la fête des mères et autre petites attentions qu'on nous apprenait à faire à l'égard des parents et qui me donnait satisfaction. En ce temps je faisais les choses et offrait avec tout mon coeur.  J'étais docile et je tenais à faire tout ce qui devait être fait et ce qu'on me disait. Ma nourrice était formidable, je me revois encore jouer chez elle, dans sa maison avec ses jouets et ses enfants. C'était un havre de paix, elle était comme une mamie pour moi. A cet age on aime les gens sans se poser de question d'ordre génétique ou de status social. Je me souviens de sa confiture de rose et de son paisible jardin. Ca me rend triste à l'idée qu'elle soit certainement morte à l'heure qu'il est... Aprés être partie, je me souviens avoir eut l'envie profonde de rester en contact. Mais tout comme le seul ami que j'avais en maternel, le lien naturel s'est vite glacé en moi et j'avais ensuite de la réticence à le revoir. Ma mère semblait inquiète à l'idée que j'allais perdre ce bon ami en déménageant, et elle n'avait pas tord...
Chez cette super nounou, je me rappel la fois où je me suis pris la poignée de porte dans la tête ce qui me laissa une cicatrice suite aux points de suture. C'est plus l'émotion de peur des adultes dont je me souviens, et quand on m'a enlevé ce points que je me souviens, plus que de la douleur. Cette sensation désagréable d'être assomé, groguis. Je me rappel également de la disposition de la pièce. Cette porte était entre un couloir menant à la cuisine et le salon. Quand mes parents et cette dame se rencontrait, je me rappel toutes ces politesses et cette attention portée vers moi. Je ne comprenais pas pourquoi mais j'avais l'air important, ça me gènait en tout cas... Percevoir une émotion ou une attention forte à mon égard m'indisposait, je me rappel avoir besoin de fuir cette sensation désagréable de brulure, de dangereuse surexposition, la sensation qu'on attendait quelque chose de moi. J'aimais échanger des données informatives, qu'on m'explique des ou que j'explique ce que je faisais, partager ma passion pour les constructions ou les situations que je m'inventais via les jouets.

Dans cette même période je me souviens de l'endroit, les marches, le virage où j'ai chuté dans les escaliers, alors que je montais à cloche pied. De cette chute aussi je garde une marque sur le front.
Enfin pour revenir à cette nounou, je me rappel avoir discuter de la grande section de maternel et qu'un jour, qui paraissait une éternité j'irai en Cours Préparatoire. J'avais alors une admiration pour les grands et une fierté à monter même si j'avais peur de l'avenir, aller vers l'inconnu. C'était en tout cas quelque chose de fantastique, héroïque! En dernière année j'ai été choqué par plusieurs choses: une dame qui essuyait les fesses d'un enfant de mon age dans les toilettes de l'école. Je trouvais ça dégradant et répugnant.
Tout comme la séance de fessée cul nu que j'ai entre-appercu dans une autre salle de classe. Cette humiliation publique représentait ce qu'il y avait de pire pour moi et j'étais pris d'effroi en imaginant ce que je ressentirai à subir le même sort. J'ai trouvé cette maitresse sadique et abusant de son pouvoir, je l'ai jugé comme mauvaise. Mais à l'époque je résonnais uniquement en victime, je n'avais pas l'ombre d'un sentiment de vengeance ou de colère.
Je me rappel avoir décidé quelle chambre de notre future maison je prendrai et la joie folle de mon père qui me proposait. On se sentait comme des rois! Je pense avoir choisis la fenetre du milieu, sur les 3 parceque c'était l'emplacement le plus rassurant. Le moment où nous allions partir de l'appartement me reste également en mémoire. Je crois avoir fait le cirque avec des coussins quand des gens sont venu visiter, pour leur gacher la visite, je pense que je n'aimais pas l'idée qu'ils viennent habiter chez nous.
Une autre histoire marquant me restera toujours en mémoire, fut celui de la fille de la nounou... En effet celle ci avait 2 ou 3 filles légèrement plus agées que moi. Cette femme autoritaire remplacait sa mère occasionnelement. En comparaison à ces filles modèles j'étais un abjecte garçon mal éduqué, chaque séance de dressage était un calvaire pour moi. Tout était codé, de la manière de pousser sa chaise, à comment manger, ou s'essuyer avec sa serviette. A force de me répèter de me tenir droit à table, elle avait fini par me mettre un balais dans le dos.

Un jour, malade et terrorisé par cette tyran psychorigide, j'avais fini par aller me moucher discretement où je pouvais. "Personne à gauche, personne à droite? Gogogo dans la salle de bain!" Ah quelle délivrance de me moucher dans ces grosse et moelleuses serviette de bain, sentant bon la lavande.
En effet, je me rappel nettement la propreté irréprochable de cet appartement. Enfin bref, elle avait dû s'en appercevoir sans comprendre pourquoi je n'avais pas demander. Je me rappel que j'étais dans un état de mutisme beaucoup profond que ce que je peux vivre actuellement. Formuler des mots, être compréhensible devenait impossible. J'avais juste envie de me cacher ou fuir en attendant que le danger passe. Je me rappel sa haine envers moi quand je ne parlerais pas correctement, n'utilisait pas les formules de politesse, ses crises de nerf. En y réfléchissant, je me rappel de sa grande politesse et amabilité avec ma mère. Elle agissait avec elle comme une maman modèle.

Avec le recul, je pense que son zèle la poussait à me transformer en garçon parfait, croyant avoir une éducation bien meilleure que ma mère. De mon souvenir c'est certainement la 1ere personne à avoir essayé de me "réparer", de me faire rentrer dans le moule de la civilisation.
Je n'ai jamais voulu déranger ma mère ou vexer ma "mamie nounou"... Hum d'ailleurs il me vient comme un souvenir d'un surnom. Peut-être l'appelais je réellement mamie? Peut être Mami-machin, de son prénom. Bref, je sentais que sa fille s'entendait bien avec ma mère naïve qui avait dû se laisser persuader par sa "fougue".
Bon, ça peut paraitre exagèrer de dramatiser ce qui peut paraitre banal. Mais à cet age, le temps parait une éternité et vivre dans ce climat c'est comme être en prison pour un adulte! Une journée vaut peut être une semaine d'adulte en terme d'émotion, et puis on est extremement fragile mentalement. Un évenement jamais vécu aupparavent peut marquer durablement, ou à vis, comme au fer rouge et gacher tout le reste.

Bref j'avais fini par faire une "scène" à ma mère pour ne pas aller chez cette bourreau d'enfant. Je me rappel le sentiment d'aller à l'abatoire en montant les escaliers menant à ce lieu où régnait la dictature d'une monstre des foyers. M'avait t'elle mis des claques, privé de dessert, ou autre? En tout cas ses filles aimait bien ma présence vu qu'elle était immunisée de l'attention bétonnée de leur cher maman. Je les revois me regarder avec ce fameux regard effaré de mes comportements répréhensibles. "Han, il n'a pas dit merci! Quel malélevé, quel garçon répugnant, attardé, méprisable...".
Au delà de ça, il y avait tout de même par moment cet intéret particulier qu'avaient les filles envers le seul garçon. Je crois encore une fois trouver ça gènant quand elle montrait une attention à ma personne. Je préfèrai qu'on s'occuper de jouer, et se concentrer sur les activités.

En écrivant ça je retrouve ces bases qui me sont restés. Sauf qu'en étant adulte j'active le mode social qui me permet d'esquiver ou de réagir de façon "adapté", de façon à faire baisser ma tension interne. Ca reste problématique pour les rapports de séduction... Mon dieu, quelle galère! Bon allez je publie sans me relire, je vais me dépenser un peu avant de me remettre au piano.

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